The White Darkness

Ce récit relate la vie d’Henry Worsley, militaire, père de famille, qui a une passion sans faille pour l’exploration de l’Antarctique, inspirée par le destin de l’explorateur polaire Ernest Shackelton qui est pour lui un modèle de courage et de force morale. Cette fascination le poussera à entreprendre une première mission en Antarctique avec deux amis qu’ils réussiront non sans mal. Comme avec toute passion, difficile de se raisonner de ne pas y succomber : c’est pourquoi Henry Worsley se lancera dans une seconde expédition ambitieuse, une fois à la retraite : traverser l’Antarctique sans assistance… complètement seul. L’Antarctique et lui, les étendues blanches et sa solitude.

J’ai beaucoup aimé ce livre, pour diverses raisons.Tout d’abord son esthétique m’a vraiment séduite. La couverture est je trouve très cinématographique, avec ce portrait d’explorateur détendu, fumant son cigare, le reflet des paysages polaires dans les lunettes. En ouvrant le livre, on découvre un texte aéré à la police originale, des titres de chapitres qui prennent la place de doubles-pages et surtout un texte agrémenté de nombreuses photographies en noir et blanc… Celles-ci nous permettent de découvrir en image la réalité des aventures de Worsley, les visages de ses amis explorateurs, de sa femme et de ses enfants. Ces photographies donnent une ampleur au texte et transmettent des émotions lorsque nous pouvons découvrir les paysages sans fin de l’Antarctique et les obstacles qu’affrontent les explorateurs, si petits et dérisoires face à cette immensité.

Ce texte est plaisant à lire, il m’a été difficile de lâcher le livre lors de la dernière partie. Le destin de Worsley nous questionne sur notre condition humaine face à la nature, les limites de notre corps et de notre volonté, la démesure de nos passions et nos ambitions, et l’impossibilité de s’en détacher lorsque les désirs sont trop ancrés en nous. Car si les ambitions de Worsley lui sont fatales, c’est au cœur de ses expéditions que celui-ci se sent le plus vivant, entier… à l’image de cette phrase qu’il inscrit dans le sol polaire : « I am the Antarctic ».

Pour finir, je remercie Babelio et les éditions du Sous-sol qui m’ont permis de lire ce très beau récit, et de découvrir une autre œuvre de l’auteur David Grann, que je connaissais seulement pour The lost city of Z. Cela me donne envie de continuer l’exploration de son œuvre !

The White Darkness. David Grann. Editions du sous-sol. Février 2021.

Le cœur des louves

Boom boom. Boom boom. En écho au rythme des chapitres consacrés à Célia devenue Louve, mon cœur était tendu lors de la lecture de ce roman assez marquant.

Si j’ai eu du mal à rentrer dans ce roman, me mélangeant parfois dans les personnages et les époques à son début, à partir du deuxième quart du livre il m’était vraiment difficile de le lâcher. L’écriture est maîtrisée. Il y a une très grande force qui se dégage des personnages, de leurs histoires atypiques et difficiles, de cette liberté revendiquée par les femmes de différentes âges qui se réclament du monde sauvage, de la force des louves… car c’est leur seule façon de pouvoir vivre leur liberté. Les hommes sont eux souvent violents, fragiles, lâches souvent et dépassés.

La noirceur de ce livre est vraiment marquante : violence, inceste, sexualité sans amour, chasse à l’homme, meurtres, xénophobie, tromperies… l’humanité y est dépeinte sans fard. C’est une histoire qui nous montre aussi l’importance de la sororité, de la transmission et du dialogue. Une claque en littérature jeunesse que je conseillerais néanmoins à partir d’un public lycéen et non collégien.

Le coeur des louves. Stéphane Servant. Le Rouergue. 2013.